Jeudi 11 avril, des experts des droits de l'homme des Nations Unies ont appelé le Pakistan à apporter des modifications à sa législation, compte tenu de la vulnérabilité persistante des femmes et des filles de confessions minoritaires aux mariages forcés et aux conversions religieuses. "Les femmes et les filles doivent être traitées sans discrimination, y compris celles appartenant aux communautés chrétienne et hindoue" ont-ils déclaré.
Dans un communiqué publié le 11 avril, les experts de l'ONU ont exprimé "leur consternation face au manque persistant de protection des jeunes femmes et des filles appartenant aux communautés minoritaires au Pakistan".
"Les filles chrétiennes et hindoues restent particulièrement vulnérables à la conversion religieuse forcée, aux enlèvements, à la traite, aux mariages d'enfants, précoces et forcés, à la servitude domestique et à la violence sexuelle."
"L’exposition des jeunes femmes et des filles appartenant à des communautés religieuses minoritaires à des violations aussi odieuses des droits humains et l’impunité de tels crimes ne peuvent plus être tolérées ou justifiées", ont-ils poursuivi rappelant que les mariages forcés et les conversions religieuses des filles issues de confessions minoritaires, comme le christianisme, sont en outre " validés par les tribunaux".
Ainsi, les auteurs de ces crimes échappent le plus souvent à leurs responsabilités. Les experts ont également souligné que les mariages d'enfants ne pouvaient être justifiés par des motifs religieux ou culturels, rappelant qu'en vertu du droit international, le consentement n'est pas pertinent lorsque la victime à moins de 18 ans. Ils appellent le pays à fixer l'âge légal du mariage des filles à 18 ans.
"Les autorités pakistanaises doivent promulguer et appliquer rigoureusement des lois garantissant que les mariages ne sont contractés qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux, et que l'âge minimum du mariage soit porté à 18 ans, y compris pour les filles", ont affirmé les experts qui estiment que "les femmes et les filles doivent être traitées sans discrimination, y compris celles appartenant aux communautés chrétienne et hindoue".
L'ONU a également exhorté le Pakistan à mettre en place des dispositions visant à invalider, annuler ou dissoudre, les unions contractées sous la contrainte.
"Le droit d’une femme de choisir un conjoint et de contracter librement mariage est essentiel à sa vie, à sa dignité et à son égalité en tant qu’être humain et doit être protégé et respecté par la loi", ont-ils martelé.
Selon Tehmina Arora, directrice du plaidoyer pour l'Asie pour Alliace Defending Freedom International, la mise ne place d'un âge uniforme pour le mariage à travers le Pakistan, associé à un système judiciaire vigilant, protégerait les droits et les libertés des jeunes filles à travers le pays, en particulier celles appartenant à la communauté chrétienne vulnérable.
"Chaque année au Pakistan, des milliers de filles mineures sont converties de force et mariées à leurs ravisseurs. Personne ne devrait subir les horreurs de l’enlèvement, du mariage forcé et de la conversion forcée", a-t-elle affirmé.
Le pays est classé 7e dans l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens de l'ONG Portes Ouvertes. L'organisation indique que les chrétiens sont "considérés comme des citoyens de seconde classe" et précise que la population féminine est "particulièrement vulnérable".
Camille Westphal